Micro Edito
C’est la rentrée et même pour beaucoup de bateaux (et de pêcheurs) , c’est même le début de la rentrée pour l’hivernage.
Pour nous, c’est le temps des bilans et des idées pour l’avenir.
Si l’été n’a pas été à la hauteur des espérances de nos pêcheurs, le législateur lui, a négligé le mauvais temps et n’a pas manqué de nous concocter quelques réformes que l’on découvre précisément à la rentrée.
Je suis bien certain qu’un grand nombre parmi nous n’a pas fait attention à l’impact sur la plaisance de la loi dite « NOTRe », pour Nouvelle Organisation Territorial de la République que nos parlementaires ont votée en plein été.
Petit tour sur cette loi :
Pour les curieux, voici les références de cette loi : n° 2015-991 du 7 août 2015.
Elle a pour objectif de réformer l’organisation territoriale de la France et surtout d’acter le désengagement de l’Etat dans la gestion des territoires au profit des structures locales.
Les territoires maritimes n’échappent pas à cette volonté et il faut nous y intéresser de très près car elle signifie beaucoup de changements dans nos cadres de fonctionnement.
Reprenons donc le texte et la partie qui nous concerne, c’est-à-dire l’article 22 de cette loi, et principalement son premier paragraphe :
« La propriété, l’aménagement, l’entretien et la gestion des ports relevant du département peuvent être transférés, au plus tard au 1er janvier 2017……aux autres collectivités territoriales ou à leurs groupements dans le ressort géographique desquels sont situées ces infrastructures. »
En droit et en termes législatifs, les mots ont un sens bien précis et sans équivoque.
La loi NOTRe spécifie bien « propriété », c’est une précision essentielle.
Rappelons que la loi de décentralisation de 1983 transférait aux régions, départements, communes, la compétence, et seulement la compétence pour la gestion du domaine public maritime.
C’est ainsi, rappelons le, que les ports de Paimpol, de Pors-Even, de l’Arcouest, et de Loguivy sont des ports dits départementaux , c’est-à-dire de la compétence du Conseil départemental.
La nouvelle loi transfère la « propriété » et bien évidemment, non seulement les devoirs mais aussi les droits du propriétaire ; c’est-à-dire vendre ou louer, ou donner en gestion ce qui est devenu son bien.
C’est dans le cadre de cette loi qui laissait un choix (voir l’article 22), que le Conseil départemental des Côtes d’Armor, sous la présidence d’Alain Cadec et sur proposition du vice-président chargé des ports : Jean-Yves de Chaisemartin, a décidé d’opter pour le transfert de la propriété des ports des Côtes d’Armor, à quatre « groupements territoriaux » identifiés .
A l’Ouest : La côte de granit rose ; au Centre-Ouest : zone dite de Bréhat, comprenant Tréguier, Lézardrieux, Pontrieux, Paimpol, et les ports de Ploubazlanec ; puis au Centre-Est : baie de Saint Brieuc comprenant le Légué et Saint Quay-Portrieux ; enfin à l’Est : la côte d’Emeraude .
La consolidation de cette organisation maritime a été l’objet d’une convocation exceptionnelle des Conseils portuaires des ports respectifs.
Nous nous sommes donc réunis, sous la présidence de Jean-Yves de Chaisemartin le 5 octobre à Paimpol et le 6 octobre à Ploubazlanec.
A l’unanimité dans les deux assemblées, nous avons accepté cette nouvelle organisation.
Conséquences :
Les conséquences de cette loi de réorganisation territoriale sont beaucoup plus majeures qu’il n’y paraît.
1. Transfert de propriété
Jusqu’à présent, les autorités étaient seulement compétentes pour gérer les installations portuaires sur le domaine public maritime qui étaient multiples et entrecroisées. Ainsi à Paimpol, les bâtiments de l’ex DDE, l’écluse, y compris le personnel de celle-ci, l’ancien bâtiment de la douane sont restés du domaine de l’Etat et financés par lui.
Le département en tant qu’autorité compétente a lui-même accordé des concessions à la CCI pour gérer le port de pêche professionnelle et à la commune de Paimpol pour le port de plaisance.
En ce qui concerne les bâtiments commerciaux situés sur ce territoire, ils ont fait l’objet d’AOT (Autorisation d’Occupation Temporaire) qui ne donne aucun titre de propriété pour le terrain occupé.
Le site de carénage de Kerpalud est également concédé à la CCI pour sa gestion.
Il en est de même pour les sites de Loguivy et de Pors-Even.
Etc. Etc.
La nouvelle loi veut simplifier cet imbroglio mais surtout consacre le désengagement de l’Etat qui transfère ses propriétés maritimes aux collectivités locales.
2. Situations à venir
Les transferts de propriété de l’Etat à des collectivités territoriales prévus par la loi « NOTRe » ouvrent la porte à des possibilités de privatisation de beaucoup de ces territoires.
En exemple, les bâtiments de l’ex DDE (qui va déménager) et de la Douane, pourront être dé-étatisés et finalement privatisés……
La zone de carénage de Kerpalud, gérée aujourd’hui par la CCI, pourra être également privatisée (la CCI pouvant aussi s’en dégager)
Etc. Etc.
3. Autres situations prévisibles
La loi « NOTRe » est motivée par une volonté de désengagement de l’Etat dans la gestion des territoires.
Cette loi conduit à son corollaire qui n’est que l’application de la loi 83-8 du 7 janvier 1983 qui fixait la gestion des bandes côtières selon les règles arrêtées dans les SMVM (Schéma de Mise en Valeur de la Mer) de chaque zone maritime.
Celui du Trégor-Goëlo a été validé le 3 décembre 2007 par le Conseil d’Etat.
Dans ce cadre, une attention très particulière devra être observée pour les AOT accordées pour les mouillages individuels (nombreux chez nous).
Il en existe plus de 5.000 pour notre simple secteur : (ce sont 5.000 dossiers à traiter, 5.000 factures à envoyer, 5.000 encaissements à faire, plus certaines relances, des annulations des cessions, des contrôles, etc. ….).
On peut comprendre que l’Etat veuille se désengager pour réduire ses dépenses. Les transferts de propriété permis par la loi NOTRe lui ouvre des opportunités pour trouver des gestionnaires locaux.
Rappelons que les AOT individuelles ont une validité de 5 ans mais contrairement à ce que pensent nombre de leurs bénéficiaires, elles peuvent être résiliées par l’Etat quand bon lui semble.
Il faut donc s’attendre à la mise en place de nouveaux « mouillages groupés » tels que celui réalisé à Launay, de la réactualisation possible de celui de Pors-Even qui avait été mis en sommeil et d’autres qui sont actuellement à l’étude.
Stationnement sur l’estran
Puisque nous sommes dans la réglementation, il apparaît que celle qui interdit tout stationnement sur l’estran soit souvent oubliée ou tout simplement ignorée.
Pour ceux qui ont des doutes, cette réglementation est inscrite dans le code de l’environnement à son article L321-9, alinéa 3 :
Sauf autorisation par le préfet…..la circulation et le stationnement des véhicules terrestres à moteur autres que les véhicules de secours, de police et d’exploitation sont interdits…. sur le rivage de la mer et les plages appartenant au domaine public.
D’une certaine façon il en est de même pour les navires et embarcations séjournant sur l’estran sans disposer d’une A.O.T .
Création d’un Comité departemental de suivi de la pêche maritime de loisir
A l’initiative de la directrice des AFF.MAR. (réellement DTTM) et grâce à la détermination de notre Comité départemental, le préfet des côtes d’Armor vient d’officialiser la création de cette instance de concertation qui réunira périodiquement sous la présidence du préfet, les Aff.Mar., les représentants de notre comité (dont votre président est actuellement vice-président pour le centre du département), les pêcheurs pros, les conchyliculteurs, Ifremer, l’Agence régionale de santé.
La première réunion est fixée au 26 novembre.
Zones de Mouillages des bateaux de pêche professionnelle
Les bateaux des pêcheurs professionnels utilisent des corps-morts principalement à Pors-Even et à Loguivy. Ces corps-morts constituent des zones de mouillage jusqu’alors non reconnues.
Une commission nautique, dont nous étions membre, a été convoquée pour définir officiellement ces zones.
La commission a entériné la proposition des Affaires Maritimes en précisant qu’à contrario du chenal de la Trinité, celui de Loguivy était un chenal de nuit et que les navires s’y trouvant au mouillage devaient porter les feux réglementaires tout autant que les viviers qui peuvent y être mouillés.
L’administration des phares et balises a fait préciser que les zones en question devront être portées sur les cartes du SHOM.
N’oubliez pas de vous inscrire pour notre déjeuner annuel du 7 novembre. Il promet d’être particulièrement festif et… goûteux.